Bilan des oiseaux recueillis à Belle-île après 2 mois de marée noire

 

Au premier février 2000, il est possible de faire un bilan global concernant l’impact sur les populations d’oiseaux marins.

61000 oiseaux ont été collectés morts ou vivants sur les plages, du sud Finistère à la Charente-Maritime, 45 espèces ont été touchées par le pétrole de l’Erika. Sur Belle-île, 7200 oiseaux ont été ramassés (dont 25% de vivants), touchant 14 espèces.

 

Avec 98% du total des oiseaux recueillis sur l’île durant la marée noire, le guillemot de troïl est de loin l’espèce la plus touchée. La zone maritime balayée par la marée noire correspondait à un site de grande importance pour l’hivernage de l’espèce. Les oiseaux touchés sont pour au moins 2/3 d’entre eux des immatures, les adultes ayant, à cette période, déjà commencé à regagner leurs sites de nidification plus au nord. La population européenne est de l’ordre de 2 millions de couples. En Bretagne 250 couples se reproduisent sur les falaises du Cap Fréhel et des Sept-îles. L’espèce a probablement niché à Belle-île et Houat au début du vingtième siècle.

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Le pingouin torda est la deuxième espèce touchée avec 50 individus recueillis sur nos plages.

Il hiverne plus près des côtes que le guillemot et ses effectifs sont beaucoup moins importants. Un demi-million de couples se reproduisent en Europe, 90% en Islande. La Bretagne accueille une vingtaine de couples et se situe en limite sud de répartition pour l’espèce.

 

Une trentaine de fous de Bassan ont été récupérés sur les côtes. La population européenne est de 230000 couples dont les 2/3 se reproduisent en Grande-Bretagne.

 

Le plongeon imbrin figure parmi les espèces les plus dramatiquement touchées par la marée noire. 75 ont été récoltés, principalement dans le Mor-Braz (Belle-île, Houat, Hoedic).

La population européenne est de seulement 300 couples !

 

Une douzaine de mouettes tridactyles a été apporté à la clinique. Cette jolie mouette, aux mœurs pélagiques, fréquente la réserve de Koh-Kastell en Sauzon à la belle saison pour se reproduire.

 

Les goélands, cormorans et mouettes rieuses ont été très peu concernés par le pétrole, passant la plupart de leur temps sur les rochers.

 

Les oiseaux récoltés et comptabilisés représentent seulement une partie du nombre des oiseaux réellement touchés par la marée noire. Un nombre inconnu d’oiseaux n’a pas atteint les côtes et sont morts en mer, beaucoup n’ont pas été ramassés, échoués dans des lieux inaccessibles ou bien encore perdus dans les épaisses couches de pétrole accumulés dans les criques.

Combien d’oiseaux ont été réellement touchés ? ?

Sachant que la probabilité qu’un oiseau s’échoue sur le littoral dépend des vents, des courants, de l’espèce, du taux d’engluement… et de sa distance par rapport à la côte.

En tout état de cause la marée noire de l’Erika dépasse en nombre d’oiseaux récoltés n’importe qu’elle autre marée noire dans le monde depuis le début des transports de produits pétroliers par voies maritimes.

 

Yannick Bénéat & Jean Gallen

Bretagne-Vivante Sepnb

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